En octobre 2021, le Bureau National des Étudiants en école de Management (BNEM) a mené une enquête sur le financement des études auprès d’étudiants issus de plus de 25 écoles différentes. Par financement des études, nous entendons le financement de toutes les dépenses liées à nos études : les coûts du passage des concours, de la vie quotidienne, de la vie associative et les frais de scolarité.
L’objectif de cette enquête est de comprendre l’origine des difficultés de financement et de présenter des solutions. Parmi les 3 800 étudiants ayant participé à l’enquête, 40% sont boursiers (1). 63% des étudiants interrogés déclarent rencontrer des difficultés de financement. Nous proposons cinq actions concrètes en adéquation avec les attentes des étudiants.
Une des barrières principales à la poursuite d’études en École de Management demeure leur financement. Des solutions existent mais, faute d’informations facilement accessibles, beaucoup d’étudiants ne reçoivent pas l’aide à laquelle ils seraient éligibles.
Le BNEM propose aux écoles d’informer en amont et de manière plus efficiente les étudiants sur les dispositifs mis en place pour le financement des études. Notamment, via une infographie claire et lisible sur les différents aides et dispositifs mis en place. Cette dernière serait, dans un premier temps, transmise lors des oraux des concours et, dans un second temps, les écoles pourraient rappeler ces informations dans le courriel de pré-rentrée. L’objectif est que chaque étudiant puisse bénéficier d’une aide s’il est éligible.
L’information sur les solutions de financement doit être accompagnée de moyens concrets qui correspondent aux attentes des étudiants. D’après notre enquête, 27% des étudiants en École de Management estiment que la mise en place d’un prêt, soit garanti par l’école, soit par l’État, serait une solution de financement à privilégier.
« Il s’agirait ainsi d’élargir le nombre de prêts étudiants à taux zéro disponibles par an »
Toutefois, peu d’étudiants semblent savoir ce qu’est un prêt à remboursement contingent au revenu (PARC), l’une des particularités de ce prêt étant qu’il est garanti par l’État. Il a aussi la particularité de permettre au débiteur de commencer à le rembourser lorsque son revenu aura atteint un niveau suffisamment élevé. Ce prêt faisait d’ailleurs partie des solutions proposées par le « Comité Hirsch » en décembre 2020. Nous invitons donc les Écoles de Management à mettre en place une expérimentation du PARC, sur une durée de 10 ans, avec l’évaluation des effets d’une telle mesure.
Par ailleurs, 45% des étudiants en École de Management seraient intéressés par la démocratisation du prêt à taux zéro, qui élimine le poids supplémentaire des intérêts. Pourtant, les conditions à remplir pour en bénéficier le rendent encore minoritaire. En effet, ce prêt, d’un montant maximal de 20 000 € selon la banque, n’est accordé qu’à un nombre limité de bénéficiaires par an. De plus, son remboursement ne peut pas s’effectuer en différé. Ces critères rendent difficile la souscription d’un prêt à taux zéro pour les étudiants en École de Management. Il s’agirait ainsi d’élargir le nombre de prêts étudiants à taux zéro disponibles par an, afin qu’un plus grand nombre puisse en bénéficier.
Enfin, l’alternance est une solution de financement avantageuse puisque les frais de scolarité de l’étudiant sont pris en charge par l’entreprise. En plus de l’aspect financier non négligeable, l’alternance est souvent un tremplin pour une embauche au sein de l’entreprise où l’étudiant aura effectué celle-ci. Mais encore faut-il qu’il y ait de la place pour tous ! Nous incitons les écoles à ouvrir davantage de places en alternance en adaptant les parcours de Master à celle-ci.
« Nous incitons les écoles à ouvrir davantage de places en alternance en adaptant les parcours de Master à celle-ci »
L’alternance doit pouvoir être proposée dans toutes les écoles. En outre, il est indispensable que l’État soutienne les entreprises afin qu’elles puissent proposer des offres en alternance. Jusqu’au 30 juin 2022, une aide de 8 000 € est accordée aux entreprises pour l’emploi d’un apprenti majeur. Nous souhaitons que ces aides soient pérennisées.
La procédure SIGEM permet aux candidats issus de classe préparatoire et présentant les concours BCE ou Ecricome d’enregistrer leurs préférences d’intégration et de connaître leur affectation finale à l’issue des épreuves orales. L’intégration dans une école est conditionnée par le respect de cette procédure qui inclut le paiement d’un acompte des frais de scolarité de 800 euros.
Cependant, 55% des étudiants interrogés prennent connaissance seulement quelques mois avant leur inscription de la procédure SIGEM (2). Si l’on élargit l’horizon temporel, 80% des préparationnaires sont informés de la procédure SIGEM un an ou moins avant l’inscription. Nous souhaitons une plus grande lisibilité sur cette procédure dès l’entrée en classe préparatoire.
Par ailleurs, les boursiers, pourtant exonérés des frais d’inscription (3), doivent régler l’acompte SIGEM, ce qui occasionne pour certains de nombreuses complications et les oblige à trouver dans l’urgence un moyen de débloquer la somme demandée. 59 % des étudiants rencontrent des difficultés pour verser l’acompte, tandis que 70% d’entre eux auraient passé plus de concours s’ils n’avaient pas eu de difficultés de financement.
Le BNEM propose la modulation par échelon des frais SIGEM pour les étudiants boursiers à compter de l’année scolaire 2022-2023 avec le mécanisme suivant : plus l’échelon est élevé, moins les frais SIGEM sont importants (700 euros pour l’échelon 0 bis à 100 euros pour l’échelon 7). Cette solution favoriserait l’égalité des chances, sans promouvoir la discrimination positive.
La vie associative fait pleinement partie de la formation des étudiants en École de Management et permet d’acquérir une expérience valorisée par les professionnels. Toutefois, 83% des étudiants rencontrent des difficultés à avancer les coûts de la vie associative de leur école. Les cotisations aux associations, les participations financières aux campagnes ou le prix des événements associatifs d’importance (WEI, tournois sportifs et artistiques, etc.) peuvent peser sur le budget.
« Il serait intéressant de promouvoir le paiement échelonné lorsque cela est possible pour les événements associatifs »
C’est pourquoi les écoles pourraient informer et sensibiliser les étudiants sur le coût de la vie associative avant la rentrée, afin qu’ils puissent s’organiser en conséquence. De plus, il serait intéressant de promouvoir le paiement échelonné lorsque cela est possible pour les événements associatifs et les cotisations à partir d’un certain montant. De telles mesures rendraient la vie associative plus accessible pour tous les étudiants.
Les solutions sont là, œuvrons à leur réalisation.
(1) Dont 21,5% appartiennent aux échelons 0bis à 2 inclus, 9,5% appartiennent aux échelons 3 à 5 inclus, et 5% aux échelons 6 et 7 inclus.
(2) 35% 3-4 mois avant, 10% une à deux semaines avant, 9% au moment de l’inscription sur la plateforme SIGEM.
(3) Sauf pour le concours Ecricome, un étudiant boursier devra s’acquitter de la somme de 80 €.
Romain VISMARA, Co-auteur,
Président du BNEM (2022-2023, BSB),
Théo DOUEZ, Co-auteur,
Responsable de la Commission Diversité sociale (2020-2022, TBS),
Julie LOYEZ, Co-auteur,
Responsable de la sous-commission Création de contenus du BNEM (2021-2022, SKEMA),
Margaux KAEMMERLEN, Co-auteur,
Responsable de la Commission Études, Recherche et Analyse du BNEM (2021-2022, SKEMA),
Dany LEROUX, Co-auteur,
Membre de la Commission Diversité sociale (2020-2022, NEOMA)